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L’abracadabra de la vie

Éblouis­sante, la véri­té s’égare entre mes mains. Son ombre s’inverse, s’alourdit et aggrave mon pas. Mes yeux, plus que cal­ci­fiés, se cloîtrent dans leur pla­card, obnu­bi­lés par les traces boréales de leurs décou­vertes. Les réponses s’accrochent tête en bas au pla­fond d’une cathé­drale caver­neuse. À la tom­bée de la nuit, elles quittent leur repère pour chas­ser les hypothèses.

Mes rêves sont ain­si faits qu’ils fomentent mon som­meil, m’offrent une gram­maire et une syn­taxe hété­ro­gènes. Comme des dau­phins, ils pour­fendent l’inconscient au point d’initier sa colère.

Alors la véri­té perd ses moyens. Elle se laisse habiller par les sou­ve­nirs, la somme de son kar­ma. Elle devient blague, men­songe, tra­ves­tis­se­ment, décors et ori­peaux, orgueilleuse sans doute de n’appartenir à per­sonne, cer­tai­ne­ment pas à moi en tout cas, car je ne fais que vieillir à force de chanter.

Je ne fais que vivre à coups de cœur sur l’enclume de mon destin.

Aucun matin, aucun cré­pus­cule ne réus­sit à enchaî­ner les cer­ti­tudes. Toute véri­té n’est pas bonne à dire puisque, de toute façon, nous ne savons pas la cap­tu­rer. Nos ailes se dis­solvent. Nos regards cirés, gavés de spec­tacles en lam­beaux, s’évanouissent dans la lumière et l’espoir.

À quoi rime ce cirque, à part nous dis­traire ? Qui a déci­dé de ce che­min périlleux qui nous conduit indi­vi­duel­le­ment au silence ? S’agit-il d’une chute ou d’une ascension ?

Plus je m’approche du soleil, plus mon ombre me remorque vers le terre. Chaque encre ver­sée saigne mes délires. Je ne suis que cela, une enti­té, une étin­celle ou un fris­son d’air.

L’abracadabra de la vie se passe aisé­ment de ses spec­ta­teurs sans pour autant que la danse ne cesse. Que pour­rais-je offrir pour te goû­ter, t’immobiliser ? Mon émer­veille­ment est-il garant de mon salut ? M’entends-tu ?

#ffa700
#ffa700